Aigles du Mali et Éléphants : Départ massif par une porte dérobée

mardi 6 février 2024 18:53 - Par Kadjo

 

Le fait paraît anodin. A première vue. Et on n’y a pas trop prêté attention. La splendide frappe des 20 mètres, de l’attaquant malien, Dorgelès Neneby est sans doute pour quelque chose. Puisque nous sommes restés médusés. Pétrifiés. Médusés. Et très peu de personnes se sont attardées sur les origines de ce jeune international malien de 22 ans, natif d’Abidjan. Et pourtant Dorgelès Néné est Ivoirien. Tout comme Yves Bissouma qui joue aussi pour les Aigles du Mali. Tous les deux sont des Ivoiriens. Bons teints. Ils auraient pu porter, ce jour-là, le maillot « Orange-Blanc-Vert. » Seulement voilà. La Côte d’Ivoire les a perdus. Pour toujours. Et comble d’ironie, Néné nous a planté ce but qui aurait pu nous éliminer. Et gâcher notre CAN. Un parricide en quelque sorte. Mais à qui la faute ? A notre système de formation pardi ! Le cas Néné est révélateur de la faiblesse structurelle de notre football en matière de protection des jeunes talents. C’est comme si la FIF ne dispose d’aucun mécanisme de suivi et de protection des jeunes talents. Elle n’a rien pour lui permettre, à défaut de stopper, de freiner ou de contrôler au moins la fuite de ses jeunes jambes. Mais le phénomène existe depuis des lustres. Et tout le monde le sait. Mais la FIF a fermé ses yeux. Les dirigeants itou. C’est comme s’ils étaient impuissants à combattre le fléau. Ou s’il s’agissait d’une complicité passive. Quoi qu’il en soit la pépinière se vide. Chaque jour que Dieu faits, les gamins s’en vont. En masse. Demain, ils porteront le maillot d’un autre pays comme Bissouma, Dorgelès. Ou celui du Burkina comme Hervé Koffi le gardien des Etalons l’a fait. Le plus cocasse dans cette histoire de Dorgelès Néné est qu’il est né dans deux pays différents. Au Mali, précisément dans la ville de Kayes, selon l’encyclopedie « Wikipédia ». Faux rétorque ses proches. Dorgelès est né en 2002 à Yopougon. Donc question ? Dorgelès joue-t-il avec le Mali avec de faux papiers ? Si oui qui lui a produit ce faux document ? Au Procureur d’éclairer notre lanterne, au sujet de l’authenticité de ses actes de naissance. Mais, la fraude sur les actes de naissance et sur l’âge ne datent pas de maintenant. C’est un vieux débat. Yves Bissouma et Dorgelès Néné ont quitté la Côte d’Ivoire par cette même filière. Celle de l’Académie Jean-Marc Guillou, basée à la fois à Bamako et tout récemment à Djekanou en 2016. Justement, Bissouma et Néné ont le même parcours. Ils sont passés par l’Académie JM Guillou de Bamako avant de trouver un point de chute en Europe. Le premier a ensuite joué un peu pour l’AS Real Bamako avant de filer à Lille. Et le second a intégré le club de Guidars FC, partenaire de JMG. Puis il s’est envolé pour l’Autriche où il a signé au Red Bull Salzbourg. Dans les deux cas, la technique est la même. Une fois la formation achevée, il intègre un club partenaire, avant de rejoindre un club européen. A la manne financière de suivre après… La technique est connue. La filière utilisée pour filer à l’anglaise aussi connue. Mais la FIF ne fait rien pour démanteler le cartel. A ce rythme-là, le football ivoirien risque de se vider de sa ressource humaine. Car, combien de Néné, Bissouma sont encore dans la nature, en attente d’un départ au Mali ? Trois, dix, 30 ? Beaucoup en tout cas. Voilà pourquoi la Fédération doit se saisir de de la question pour organiser le football de jeunes. Il est temps de mettre en place tous les mécanismes nécessaires, pour protéger les gamins de nos centres de formation disséminés çà et là dans le pays. Le temps presse. Il faut agir. Car, dans « Le silence des agneaux », les talents s’enfuient du pays par une porte dérobée. Et ce avec la complicité des négriers des temps modernes. Dorgelès est parti. D’autres Néné se préparent aussi à faire de même. Faute d’une vraie politique de formation et de protection de ses pépites, le football ivoirien se vide de ses talents.

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